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Les cadres et les politiques africains sont-ils en train de prendre conscience que l’avenir de l’Afrique se fera par les Africains et avec les Africains ? Ce sentiment était très perceptible mardi au deuxième jour de la 61ème session du comité régionale de l’OMS-Afrique qui se déroule en ce moment pour la première fois en Côte d’Ivoire à Yamoussoukro à la Fondation Félix Houphouët Boigny.
« Arrêtez de tendre la main. Ayons une vision, une stratégie, prenons des résolutions (…) combattons la corruption dans nos systèmes (…) coordonnez vos partenaires dans le sens de votre vision. Ceux qui ne veulent pas, refusez leur argent (…) Nous ne sommes pas pauvres. Nous sommes riches et exploitons nos richesses », s’est révoltée Dr. Agnès Binagwaho, ministre de la santé du Rwanda lors du débat sur le financement de la santé en Afrique. La salle a fortement salué son intervention. « Le ministre de la santé du Rwanda est plein de dynamisme », a reconnu Dr. Margaret Chan, directrice générale de l’OMS. « C’est le meilleur débat que j’aie jamais eu depuis longtemps. L’Afrique est pour moi, le continent de l’espoir», a-t-elle avoué.
En fait, selon plusieurs experts présents à Yamoussoukro, le Rwanda est cité en exemple avec quelques autres pays africains comme ayant un bon système de santé. « A défaut d’une saine gestion, nous n’allons pas avoir un retour sur investissement », abonde dans le même sens le ministre nigérian de la santé. « Allons dans le sens d’un financement basé sur les résultats et une lutte assidue contre la corruption », soutient le Burkinabé. « Nous avons introduit, des audits cliniques », révèle pour sa part le ministre ghanéen de la santé.
Gaspillage de ressources
Pour les panélistes, s’il est vrai que les systèmes de santé des pays africains pêchent par une insuffisance des crédits alloués, ils pêchent aussi à cause du grand gaspillage des ressources allouées. Selon Dr David Evans, directeur du Financement de la Santé à l’OMS, « beaucoup de dépenses inadéquates sont faites. Il faut savoir réduire pour mieux gérer même sans de nouveaux investissements. » « Il faut être beaucoup plus efficace dans l’utilisation des ressources disponibles », ajoute un autre panéliste. C’est la même réflexion que fait Dr. Agnès Soucat, Directeur du Développement humain à la Banque africaine de Développement (BAD) qui a exposé sur pourquoi investir dans la santé. Pour elle, plusieurs facteurs expliquent le retard de l’Afrique en matière de financement de son système de santé. Mais, il y a des facteurs clés : « premièrement, il y a pas eu des ressources suffisantes pour le développement et le maintien des systèmes de santé. Deuxièmement, les ressources disponibles ont été utilisées de manière non rationnelle, en partie à cause du manque d’utilisation systématique de processus et d’outils pour fixer les priorités dans l’utilisation des maigres ressources. Troisièmement, les ressources supplémentaires n’ont pas été déployées de manière efficiente. » Mais, le seul financement ne suffit pas, pense Dr. Evans. « Si vous avez un système de santé mal structuré, le financement ne va pas régler vos problèmes », a-t-il soutenu. De même, il a affirmé que dans la perspective d’une allocation accrue des finances au secteur de la santé, « l’aide ne doit pas être la seule source de financement. Il doit y avoir une complémentarité entre l’aide extérieure et les finances internes. » « Mais, les donateurs internationaux doivent avoir un rôle catalyseur », ajoute Dr. Soucat. En clair, l’Afrique ne doit pas compter sur l’aide pour financer son système de santé. Elle doit compter sur elle-même. Et selon les experts, des pistes existent rien qu’en regardant les bonnes pratiques des pays comme le Ghana, le Lesotho, le Rwanda. « On n’a pas besoin d’aller chercher les bons exemples ailleurs. Il faut faire fonctionner la coopération sud-sud », estime un expert dans la salle.
Invités exceptionnellement pour cette session, les ministres de l’économie et des finances de 20 pays ont aussi eu une participative active. Le ministre de l’économie et des finances du Niger a révélé que son budget est financé à 60% par l’aide extérieur. « Ça veut dire que c’est le bailleurs qui fixe ses priorités. C’est dire que vous n’êtes pas libre de l’affectation des ressources », a-t-il expliqué pour justifier qu’il est difficile d’atteindre la part de 15% du budget national à affecter à la santé selon la déclaration des Chefs d’Etat à Abuja au Nigeria en 2000. Mais, pour le Rwanda, les 15% sont atteints dans la mesure où le calcul ne prend pas en compte les dépenses faites par d’autres ministères dans les infrastructures routières, dans l’assainissement, l’électrification qui selon elle, sont des dépenses qui profitent à la santé et à rendre le système de santé performant. De son côté, Dr. Chan a estimé que les ministres de la santé doivent mieux expliquer l’apport de la santé à l’économie. Elle a plaidé comme beaucoup dans la salle pour une vision dans les politiques à mettre en œuvre avec la qualité des prestations au service des populations afin d’arriver à l’accès universel. Selon elle, le meilleur moyen pour accéder à l’universalité, c’est de mettre l’accès sur la santé de la mère et de l’enfant. Les participants ont abondamment présenté l’assurance maladie comme l’une des solutions à encourager pour arriver à un accès universel. Le Ghana, le Rwanda ont très souvent été cités en exemple pour ce cas de figure.

Coulibaly Zié Oumar Envoyé Spécial

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Posté par rwandanews