Depuis  dimanche, le président rwandais, Paul Kagamé, entame sa première visite officielle en France depuis sa prise du pouvoir en juillet 94, par suite du génocide dans son pays.

C’est ce qui explique qu’il ait « défrancophonisé » son pays au profit de la langue de Shakespeare ; ainsi, sous Kagamé, le Rwandais, qui était francophone, a progressivement abandonné cette langue, et on n’y parle plus que l’anglais à l’école tout comme dans l’Administration. Pour mémoire, cette première visite de l’homme fort de Kigali répond à celle du président français, effectuée en février 2010 à Kigali.

Au cours de sa tournée, on s’en souvient, le successeur de Jacques Chirac avait battu sa coulpe pour reconnaître, à la stupéfaction générale, une forme « d’aveuglement » de la France pour n’avoir pas vu la dimension génocidaire du régime hutu rwandais que Paris soutenait à l’époque ; des propos que Kagamé avait applaudis des deux mains. La venue du successeur de Juvenal Habyarimana à Paris est censée parachever cette réconciliation.

Sauf report de dernière minute, la France va dérouler le tapis rouge aujourd’hui et déployer tous les fastes de la République pour le président du pays des mille collines. Si pour certains, cette visite est la bienvenue, pour d’autres par contre, elle n’est rien d’autre qu’une insulte faite à la patrie de de Gaulle : en effet, à écouter le Général Jean Paul Lafourlad, patron de l’opération turquoise au Rwandais à l’époque ; « c’est inacceptable d’accueillir sur son territoire un homme qui insulte l’honneur de l’armée française ». Si un militaire de haut rang accepte de s’exprimer ainsi à découvert, c’est sans doute parce qu’il en est profondément meurtri.

Fait rarissime, le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, qui occupait le même poste en 1994 et qui ne souhaite pas voir même en peinture le n°1 rwandais, est en déplacement dans le Pacifique au moment de cette visite. C’est dire que l’unanimité n’est pas faite sur cette visite présidentielle ; mais, comme on le sait, la France a besoin du Rwanda pour rayonner dans la région des Grands-Lacs, et le Rwanda compte sur l’aide française pour assurer sa stabilité et booster son développement. Kagamé ne rencontrera certainement pas les grands patrons français demain mardi pour rien. Ces petits pas vers la réconciliation préfigurent-ils un mariage de raison entre Paris et Kigali ?

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