“L’homme qui dit que Kagame lui a dit” veut bêtement expliquer le Génocide des Tutsi par l’attentat du 6 Avril 1994 comme l’ont déjà fait des négationnistes bien connus.

On lui connaissait jusque là d’autres inconsistances et malhônnetetés mais pas encore du négationnisme. Finalement qui s’y frotte s’y pique. Il a, le 1 octobre 2011, accusé le Président Kagame d’être l’auteur de l’attentat du 6 avril 1994 contre l’avion de l’ancien Président Habyarimana et ajoute queThe death of President Juvenal Habyarimana triggered the start of genocide that targeted Tutsi and Hutu moderates, and the resumption of civil war between RPF and the Government of Rwanda”, se plaçant ainsi dans le camp des BRUGUIERE, PEAN, REITJENS et Bernard LUGAN qui affirma que: “: “ceux qui ont abattu l’avion du Président Juvénal Habyarimana (le FPR) portent donc la responsabilité d’avoir directement ou indirectement provoqué le drame du Rwanda”.

Il m’a rappelé les propos de l’ancien Gouverneur Harroy exprimant sa conviction que c’est l’UNAR (entendez ici les Tutsi) qui a préparé la fameuse Révolution de Novembre 1959. Il dit: “ Son (UNAR) plan, selon moi, pouvait être résumé comme suit: puisque l’affrontement armé entre Tutsi traditionnalistes et Hutu dits progressistes est devenu maintenant concevable, provoquons sans tarder une “révolution”, afin de nous créer une possibilité de contre-révolution foudroyante, au cours de laquelle, la tutelle étant débordée, nous aurons l’occasion de liquider physiquement tous les leaders hutu-soigneusement répertoriés- et de réaliser dans les régions choisies- Astrida…- assez de massacres de population paysanne pour qu’il ne soit plus question de réaction hutu avant l’indépendance…ni après.” (Mgr Perraudin: Un Evêque au Rwanda” page 235).

Mais comment s’est-il laissé piéger ce Rudasingwa? Est-il possible qu’un ancien haut cadre du FPR et du Gouvernement n’ait pu être informé ni avoir accès aux documents prouvant que d’abord le Génocide n’a pas débuté le 6 avril et que, quoi qu’il en soit le Génocide devait se poursuivre avec ou sans ledit attentat? Rappel de seulement quelques faits:

1. Le 12 octobre 1990 déjà, le colonel Galinié, attaché de défense à Kigali, a envoyé à Paris un télégramme diplomatique : « Il est à craindre que ce conflit finisse par dégénérer en guerre ethnique. » Et le lendemain, son supérieur, l’ambassadeur Georges Martres, précise : « Les paysans hutus organisés par le MRND [parti du président] ont intensifié la recherche des Tutsis suspects dans les collines. Des massacres sont signalés dans la région de Kibilira. » Les paysans, fidèles au régime, « participent de plus en plus à l’action militaire à travers des groupes d’autodéfense armés d’arcs et de machettes ».

2. Le 19 janvier 1993, dans un télégramme à Paris, l’ambassadeur de France à Kigali, après sa rencontre avec Jean Carbonare, président du mouvement Survie et membre de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) a informé Paris que La FIDH est sur le point de publier un rapport accablant. Il ajoute que Le président Habyarimana aurait intimé « l’ordre de procéder à un génocide systématique en utilisant, si nécessaire, le concours de l’armée et en impliquant la population locale dans les assassinats ».

3. Le 18 février 1993, la DGSE signe une note sur les 300 morts dénombrés au cours des semaines précédentes : « Il s’agirait d’un élément d’un vaste programme de purification ethnique dirigé contre les Tutsis », fomenté au sommet de l’Etat.

4. Dans un télégramme diplomatique du 12 janvier 1994, l’ambassadeur de France à Kigali rapporte les confidences d’un informateur du représentant des Nations Unies, qui lui a livré les détails « graves et plausibles » d’un plan de déstabilisation radicale du pays grâce à des provocations contre les troupes du FPR à Kigali, pour susciter une riposte.
« Les victimes rwandaises que ne manqueraient pas de provoquer ces réactions seraient alors le prétexte à l’élimination physique des Tutsis de la capitale ». Selon l’informateur de la Minuar, 1700 Interahamwe, membres des milices populaires, auraient reçu une formation militaire et des armes pour cela, avec la complicité du chef d’état-major FAR. La localisation précise des éléments tutsi de la population de Kigali « devrait en outre permettre d’éliminer 1000 d’entre eux dans la première heure après le déclenchement des troubles ».

5. A trois semaines du déclenchement du génocide, en mars 1994, Guy Theunis reconnaît lui-même, dans une déclaration faite devant les enquêteurs de la police judiciaire belge à Bruxelles, qu’il connaissait les « quatre points du programme de la CDR », recueillis par ses soins à Gisenyi [Cf. ‘‘Rwanda: l’honneur perdu de l’Eglise’’, pp. 68 sqq., Editions Golias, Villeurbanne, 1999]. A savoir : 1° Balayer les accords d’Arusha. 2° Recommencer les massacres de 1959 pour montrer aux Tutsi où est leur place. 3° Chasser les Belges. 4° Les FAR vont bouter les FPR hors de nos frontières.

Je ne terminerais pas sans vous faire part de cette réaction d’un Chef d’Eglise, Mgr Phocas NIKWIGIZE à Goma autour du mois d’aout 1994. “ Ce qui s’est passé en 1994 au Rwanda était quelque chose de très humain: quand quelqu’un t’attaque, il faut que tu te défendes. Dans une telle situation tu oublies que tu es chrétien, tu es alors humain avant tout.” Et de poursuivre: “Les Batutsi étaient des collaborateurs, des amis de l’ennemi. Ils étaient en contact avec les rebelles. Ils devaient être éliminés pour qu’ils ne nous trahissent pas.” Tiré de: Rwanda: Idéologie du Génocide et Stratégies de son Eradication, Sénat, 2006, pg 101.

NGAYO NG’UKO! Il n’est vraiment pas besoin de prolonger la liste des faits prouvant que l’attentat du 6 avril n’a rien à voir avec le déclenchement du Génocide, et Mr. Rudasingwa le sait très bien. Pourquoi persiste-t-il et le signe? Est ce l’opportunisme qu’on lui connait ou bien une haine viscerale qu’il a envers son ancien Chef? En tout cas il devait être censé connaître le Président KAGAME plus que ce Pasteur Américain RICK WARREN qui a dit »:
« I consider Paul Kagame as an uncommon leader. I have met many leaders but this is a man of unique calibre »

Finalement RUDASINGWA risque lui aussi d’être contaminé par l’idéologie de la haine qui a engendré le Génocide si ce n’est déjà fait . Sait-il que l’idéologie peut transformer le crime en vertu?

Valens MUNYABAGISHA


Posté par rwandaises.com