Au mémorial de Ntarama, au Rwanda, en 2014.

Le Rwanda poursuit sa commémoration du 22e anniversaire du génocide contre les batutsi, débuté le 7 avril, durant lequel, en l’espace de cent jours, plus d’un million de fils et filles de ce pays furent atrocement assassinés.

Vingt-deux ans, c’est à la fois si long et si court. La douleur est toujours vive. Les cœurs saignent encore. Mais, en même temps, le pays s’est réinventé. Un Rwanda est mort en 1994, mais dans les décombres et le malheur, un nouveau Rwanda a également vu le jour, digne, fier, résolu.

Ce pays si grand par le symbole a tant à apprendre à un continent africain si petit par l’ambition. L’Afrique est pourtant ostensiblement absente de ces commémorations. Seul le président tanzanien John Magufuli, certes à l’invitation du président Kagame, a fait le déplacement.

Horreur domestique

Tout se passe comme si le génocide contre les batutsi était une affaire rwandaise. Et pourtant ! Si l’Histoire date le commencement de cette tragédie au 7 avril 1994, l’idéologie qui l’a permise remonte à la période coloniale. Les « recherches » d’anthropologues européens conduites dès le XVIIIe siècle ont jeté les bases des classifications ethniques opérées au Rwanda par les colons belges – avec le concours actif de l’Eglise catholique – au début du XXsiècle et par les colons français dans leurs colonies.

Le génocide contre les batutsi résulte donc de la mise en application de théories ethnicistes d’inspiration coloniale. L’idéologie génocidaire est fille de la colonisation occidentale. Par conséquent si le virus de l’ethnicisme a eu ses effets les plus catastrophiques au Rwanda, il a été inoculé sur l’ensemble du continent. L’actualité burundaise atteste de sa bonne santé, et la majorité des pays africains ne saurait nier le péril qui les guette. Nous sommes tous contaminés. Nous sommes tous de potentiels génocidaires.

De ce point de vue, le génocide contre les batutsi est d’abord une affaire africaine. Mais le continent a été une nouvelle fois absent au rendez-vous de son (…)

http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/04/05/rwanda-il-faut-maintenant-briser-le-silence_4895755_3212.html

Posté le 20/04/2016 par rwandaises.com