La poubelle, lieu où l’on jette les ordures et objets hors d’usage. Cette attitude est la même partout dans le monde. Sauf que pendant que les occidentaux se débarrassent de leurs déchets, les Africains les récupèrent. Camer

La poubelle. C’est l’expression utilisée pour désigner le seau, panier ou bac placé dans un coin de la maison ou de la cour, où l’on jette les ordures et tout ce qui est hors d’usage, bref tout ce qui désormais ne présente plus aucun intérêt. Là on est au niveau des ménages. Sorti de là, la poubelle désigne cet endroit en plein air où les mêmes déchets des maisons sont déversés. Ce qu’ils deviennent n’intéresse généralement pas ceux qui déversent, l’endroit non plus ne représente aucun intérêt à ce moment-là.

Cette attitude envers les objets usités est la même partout dans le monde. Sauf que pendant que les occidentaux se débarrassent de leurs déchets, les Africains les récupèrent. Il y a aujourd’hui des enfants d’Afrique, des enfants du Cameroun qui ont quitté le pays ou le continent, et dont le travail en Europe est de ramasser dans la poubelle, la même chose que l’on voit faire au pays certaines personnes avec des vieux sacs qui fouillent dans la poubelle et ramassent ce qu’ils croient être encore utile pour eux. Ces enfants d’Afrique collectionnent tout dans les rues de l’Occident, mais alors tout. Ustensiles, meubles et mobiliers d’intérieur, tapis, électroménagers, automobiles, consommables informatiques, vêtements, bijoux, jouets, médicaments, la liste est longue, et on y trouve des choses qu’on ne peut même pas nommer. Tous ces déchets jetés par les Occidentaux, puisque c’est de cela qu’il s’agit, sont regroupés dans des conteneurs et déversés dans les villes africaines en général et camerounaises en particulier, sous le nom de brocante pour l’électroménager ou de friperie. Et une fois arrivé sur le sol camerounais, ces déchets subissent des traitements qui leur donnent encore de l’éclat, et sont ensuite mis sur le marché. Il n’y a qu’à faire un tour dans un lieu de déchargement de conteneurs, ou dans une boutique de brocante, pour être édifié.

Poubelle géante

Plusieurs études et publications qualifient aujourd’hui l’Afrique de simple poubelle géante. Ces études, plus centrées sur des considérations économiques et intéressées par la lutte pour la protection de l’environnement, se limitent souvent aux produits toxiques déversés par les pays industrialisés en Afrique, souvent avec le consentement des gouvernements. Cette méthode est de plus en plus ciblée par des militants écologistes, ce qui oblige ces pays à changer de stratégie, en favorisant la sortie de leurs pays des déchets sous l’appellation plus polies des effets de seconde main, et parallèlement à ce que les enfants africains sortent eux-mêmes des poubelles pour envoyer en Afrique, les Etats envoient d’autres contingents sous la forme d’aide humanitaire. Mais tout cela revient au même.

Pour les chiffres et les quantités de ces déchets qui arrivent sous diverses appellations, il est difficile d’avoir des statistiques fiables pour ce qui vient dans des conteneurs. Les différents services administratifs tentent d’avancer des chiffres plutôt pour des véhicules, du moins ceux qu’ils « voient » passer. Selon le site d’information économique investiraucameroun.com, en juin 2015, en prélude au Salon international du transport et de la logistique du Cameroun (Sitralc), qui devait se dérouler du 23 au 27 juin 2015 à Yaoundé, le ministre délégué auprès du ministre des Transports, Méfiro Oumarou, avait déclaré devant les opérateurs du secteur des transports (terrestre, maritime et aérien) que , «92% du parc automobile camerounais était constitué de véhicules acquis en seconde main. Ces véhicules ont un âge supérieur à 15 ans» disait-il.

Perte de dignité

Si les autres effets qui entrent au pays étaient quantifiables, les chiffres devraient être ahurissants. Les causes de cette invasion du pays par les produits de seconde main sont à chercher dans le refus du gouvernement de favoriser l’éclosion d’un tissu industriel qui ferait une production de substitution locale certes, mais le citoyen lambda lui-même y est pour beaucoup, car comme pour le vol, elle ne prospère que parce qu’il y a du recel. Si cette friperie ne trouvait pas preneur elle ne prospèrerait pas. Et c’est le lieu ici d’interpeller la dignité même des Camerounais et des Africains. On le sait déjà, depuis la traite négrière qui date du 14eme siècle, l’Africain dans l’ensemble est considéré comme un sous homme. Mais au 21eme siècle, plus de 600 ans plus tard, lui-même continue de confirmer qu’il n’est pas mieux.

Sinon comment comprendre qu’il accepte d’utiliser ce qu’un autre homme a déjà utilisé et jeté à la poubelle ? Passe encore pour les ustensiles, les véhicules et l’électroménager, mais comment une femme peut porter même jusqu’aux sous-vêtements qu’une autre femme a déjà porté ailleurs. On voit dans la société camerounaise des hommes et femmes qui affichent des attitudes occidentalisées, disent qu’ils ne mangent pas ce qu’ils appellent nos sales nourritures cultivées par nos braves mamans parce qu’ils ne sont pas n’importe qui, alors qu’ils sont habillés des cheveux aux chaussures en passant par les sous-vêtements, des déchets jetés par d’autres hommes et femmes au-delà des océans, et juste parce que c’est sorti d’un conteneur. Pour se faire bonne conscience parfois ils se justifient en disant que ce sont des fins de série, même quoique sorti de la friperie. Et même si c’était le cas, pourquoi l’Africain n’est-il bon que pour les fins de séries, les débuts de série sont réservés à qui ?

En définitive, au-delà de la pollution de l’environnement et du désastre sur le plan sanitaire, les tonnes de déchets qui sont déversés en Afrique et au Cameroun chaque jour soulèvent aussi un problème de dignité humaine. Ce n’est pas parce que les occidentaux ont traité le noir d’être un homme de seconde zone, qu’il doit se contenter des effets de seconde main, car un proverbe camerounais dit que quand l’on vous appelle porc, ce n’est pas une raison pour vous avancer dans la porcherie.