Le style de gouvernance rwandais semble apprecie par la plupart des dirigeants africains. Le Senegal est en passe d’utiliser cette recette politique d’IMIHIGO qui force un dirigeant a rendre des comptes de sa gouvernance a ses superieurs et a ses diriges qui, pratiquement, le cotent et decident s’il a satisfait pour etre reconduit dans ses responsabilites sociales ou s’il doit plier ses bagages au cas ou il est juge improductif ou corrompu. Cette discipline qui s’impose au haut fonctionnaire public et au politicien rwandais est tres contraignante. Elle donne des resultats certains dans une sorte de dirigisme necessaire a l’Afrique qui doit se creer une culture politique teintee de rigueur qui se desolidarise peu ou prou de du style de democratie tapageuse occidentale. L’article ci apres de Seneplus portant titre « ET SI MACKY SALL OPTAIT POUR LE MODELE « IMIHIGO » RWANDAIS DE CONTRAT DE PERFORMANCE ? » en dit long.

Les différents rapports de l’Inspection générale d’état (Ige) ont mis à nu les dysfonctionnements et les irrégularités dans certains services de l’administration sénégalaise. Une anomalie qui découle en partie d’une inertie et d’un manque de volonté révolutionnaire des autorités. Et pourtant, le « benchmarking » institutionnel existe. Au Rwanda par exemple, le modèle de contrat de performance appelé « imihigo » imposé aux maires et aux directeurs généraux a fini par faire de ce pays un champion en matière de lutte contre la corruption.

Le constat qui ressort des différents rapports de l’IGE remis au Président Macky Sall et rendus publics est alarmant. L’administration sénégalaise dans sa plus grande partie navigue dans les eaux troubles du népotisme, du détournement de fonds et de l’inefficacité. Des ministères aux directions en passant par les collectivités territoriales, la nébuleuse, l’incohérence et le laxisme sont les maux les mieux partagés.

Et si le choix des hommes est une des causes de la déliquescence de l’administration, force est de dire que le système hérité du colonialisme a beaucoup contribué à la léthargie de l’administration sénégalaise, même si elle a produit plusieurs générations de grands commis de l’Etat. Et pourtant des modèles de gestion puisés dans les tréfonds de nos cultures qui ont produit d’excellents résultats existent en Afrique. Il faut juste changer de regard et arrêter de voir notre salut à travers la lorgnette du modèle occidental qui s’effrite.

Par exemple, le Rwanda, pays qui était dans une situation presque apocalyptique avec la guerre civile de 1994 qui a causé plus d’un million de morts, apparaît aujourd’hui comme l’un des champions de la bonne gouvernance sur le continent. Et en effet, le pays des mille collines fait partie, avec les Seychelles (premier du contient), le Botswana, le CapVert et la Namibie, des ‘’5 majeurs‘’ du continent en matière de lutte contre la corruption (Indice de Perception de la Corruption dans le monde 2019). Mais comment ce pays a-t-il pu sortir des ténèbres ? le miracle vient de « Imihigo ». En effet, un des éléments clés du relèvement du Rwanda correspond à la mise en œuvre des Imihigo (pratique culturelle ancestrale associée aux ententes de rendement ». Il s’agit d’un système local de gestion des performances, dans le cadre duquel les individus s’engagent à réaliser un certain nombre de tâches durant une année, au terme de laquelle leurs résultats sont évalués par la communauté. Ces contrats, appelés « imihigo », étaient autrefois oraux et entérinés par une cérémonie. Aujourd’hui, ils sont écrits et signés, même si leur fonction reste la même.

Ainsi, la modernisation de cette pratique constitue l’une des approches novatrices qui sont utilisées pour renforcer la planification, la mise en œuvre et l’évaluation du développement et ce, en vue d’améliorer les conditions de vie des Rwandais. Tous les paliers du gouvernement, y compris les services nationaux, provinciaux et ceux des districts, doivent planifier et mettre en œuvre leurs propres objectifs et leurs propres engagements liés aux « Imihigo ». Ce culte du résultat qui a imprégné toute la société a permis ainsi au Rwanda d’atteindre pratiquement tous les Objectifs de développement du millénaire.

Dans la gestion publique, il se traduit depuis 2006 par des contrats de performances. Chaque année, les responsables des districts doivent signer avec le président de la République, Paul Kagamé, un contrat très précis indiquant les résultats à atteindre dans différents domaines : hectares de maïs à planter, taux de scolarisation, construction de latrines, nombre de centres de soins. Les maires performants sont récompensés alors que ceux qui ont failli peuvent être congédiés, ou même envoyés en prison lorsqu’ils sont pris en flagrant délit de corruption. Le contrat de performance concerne aussi les ministères et les organismes du gouvernement. Et il n’est pas rare de voir des ministres et directeurs généraux licenciés de leurs postes. L’on se souvient par exemple qu’en 2015, trois maires de grandes localités du Rwanda ont été arrêtés pour malversations.

En somme, les rapports de l’IGE montrent l’urgence de changer de paradigme dans la manière de gérer le pays. Et dans cette perspective de révolution, il faut voir les modèles qui marchent comme le Rwanda. D’autant qu’à l’image de ce pays qui est allé puiser dans sa culture pour trouver des notions comme « Imihigo » pour l’inclure dans la gestion de l’Etat, le Sénégal regorge de concepts comme le ‘’Ngor‘’, le ‘’Jom’’ qui étaient ses fils rouges. Il faut déconstruire les esprits et le rapport symbolique avec nos anciens ‘’maîtres’’ qui nous ont légué une administration qui secrète des ‘’rois‘’ et des bourgeois au grand dam des populations qui continuent de s’enliser dans la pauvreté. Si le Président Macky Sall a su relever le défi lancé par son homologue Paul Kagamé sur les mesures d’hygiène à prendre dans ce contexte de Covid-19, il peut faire autant en essayant de copier ce modèle Imihigo en matière de gestion publique.

Redigé par IGIHE Le 17 juillet 2020