Ban Ki-moon et Jean Ping, par leurs déclarations intempestives créent insidieusement les conditions de l’échec du Panel des Chefs d’Etat de l’Union africaine.

La création d’un panel de chefs d’Etat africains pour régler la crise en Côte d’Ivoire vise « à amener Alassane Ouatarra à exercer la réalité du pouvoir » dans le pays « par la négociation » (…) « Comment amener Ouattara à exercer la réalité du pouvoir ? Les Africains ont décidé que ce doit être par un mécanisme politique, pacifique et négocié », a déclaré samedi M. Ping au cours d’une conférence de presse, à la veille de
l`ouverture du 16ème sommet de l’Union Africaine à Addis-Abeba, siège de l`organisation.
Il s’agit là, d’un véritable pavé que Jean Ping, le président de la commission de l’UA, a jeté dans la marre. Ce monsieur n’est pas n’importe qui et ses déclarations doivent être prises très au sérieux. Car si on suit cette information donnée par le président de la commission de l’UA qui ressemble à une mise au point pour lever toute équivoque sur la mission véritable du panel des 5 Chefs d’Etat, on est en droit de se demander à quoi sert donc la mise en place d’un tel panel. En effet, s’il s’agit de simplement venir négocier comme le soutien M. Ping le transfert pacifique du pouvoir vers Ouattara, il n’est pas nécessaire de mettre en place un panel de haut niveau pour tenter d’obtenir ce qui est impossible à obtenir dans le cas de la crise ivoirienne. Mais il y a plus grave. Le secrétaire général des nations unies dont on connaît les intentions a véritablement fait le pari de vider le Panel de son contenu et de lui faire jouer un autre rôle. Ainsi, il décalait hier qu’il a déjà établi une feuille de route qui devrait guider le travail du Panel. Il a également parlé de sortie honorable pour M. Gbagbo et d’autres choses qui lui passent par la tête. Ainsi donc, Ban Ki-moon qui s’est montré incapable de régler la crise ivoirienne est en train de faire main basse sur le Panel des Chefs d’Etat créé par l’Union africaine.
C’est donc un échec programmé, si c’était le cas, car l’essence de la mission est faussée dès le départ. C’est d’ailleurs ce qui explique les échecs des missions précédentes. Tout passage en force ou déguisé pour faire de Ouattara président de la Côte d’Ivoire est voué à l’échec au regard du droit ivoirien.
La donne de la crise ivoirienne est pourtant simple. Il y a d’un côté un président de la République qui a été reconnu vainqueur par les Institutions ivoiriennes, en particulier, par le Conseil constitutionnel qui est au regard du droit positif ivoirien, la seule juridiction habilitée à valider une élection présidentielle et à en a proclamer le vainqueur. Et de l’autre côté, un candidat qui prétend avoir gagné le scrutin parce que soutenu par une communauté internationale incarnée par la France et l’ONU. C’est ce conflit qu’il s’agit de régler au regard du droit ivoirien puisque la Côte d’Ivoire est un Etat souverain. C’est en principe à cette mission que doit se consacrer le panel des 5 Chefs d’Etat. C’est ce que le président de la Mauritanie qui assure la présidence du conseil de paix et de sécurité et qui va assurer aussi la présidence du panel, a dit dans sa déclaration à la presse vendredi à la suite du conclave ayant décidé de la mise en place du panel. Et coup de théâtre, Jean Ping s’est senti le besoin de mettre les points sur les « i » car l’annonce de la mise en place du panel pour évaluer la situation sur place en Côte d’ Ivoire a fait grincer des dents selon RFI, du côté des partisans d’ Alassane Ouattara, le candidat désigné vainqueur par la France et l’ONU. Jean Ping est-il allé à la rescousse d’un camp qu’il a voulu rassurer ou a-t-il trahi un secret ? Difficile de répondre à l’une de ces deux questions car le même dans sa même conférence de presse se contredit quand il affirme que l’ « Afrique a décidé ainsi de remettre la balle au centre du terrain ». Cette image empruntée au football veut dire recommencer la partie. Ce qui veut dire que Jean Ping affirme en même temps qu’il s’agira d’aller au fond de l’affaire depuis le début pour voir et comprendre ce qui s’est réellement passé. A l’aune de quoi, le panel prendra une décision qui s’imposera à toutes les parties « ivoiriennes».
Il est vrai que l’Onu et la Cédéao qui sont allé un peu trop loin dans leur soutien à Alassane Ouattara sont prêtes à tout pour que le Panel ne cherche pas à mettre le nez dans une affaire qui sent la magouille, les Jacob Zuma et autre s’en laisseront-ils conter ? Là est la grande question.

Coulibaly Zié Oumar
 

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Posté par rwandanews